La vie au Prater de Vienne

Siegfried Translateur était un compositeur, éditeur et chef d’orchestre allemand. Il est né en Haute-Silésie et a ensuite suivi une formation musicale approfondie à Wroclaw, Vienne et Leipzig. Après cette période, il se rend à Berlin comme chef d’orchestre où il dirige son propre orchestre. Translateur eut principalement du succès en tant que compositeur dans le domaine de la musique légère et écrivit principalement des marches, des valses et des œuvres de caractère. En 1929, son œuvre comprenait déjà 165 numéros d’opus. À cet égard, son CV est comparable à celui d’autres collègues compositeurs qui travaillaient à l’époque dans le domaine de la musique dans la capitale allemande. De son propre aveu, le compositeur français Emile Waldteufel fut un excellent modèle pour son travail de composition. Pour distribuer sa musique, il fonda en 1911 une maison d’édition privée sous le nom de Lyra-Verlag. Sa maison d’édition éditait également des œuvres de célèbres collègues comme Paul Lincke et Franz von Blon. Ses compositions furent non seulement éditées par la maison d’édition Lyra, mais également par d’autres maisons connues comme Oertel, Bosworth ou Hainauer à Wroclaw. En 1933, il prit son fils comme associé dans sa propre entreprise et l’appela désormais Lyra, Translateur & Co.

Il créa la valse « Wiener Praterleben », son 12ème opus, lors de son séjour à Vienne en 1892. Elle devint particulièrement populaire lors de sa première représentation en 1923 au cours de la course de six jours de Berlin, d’autant plus que l’artiste qui l’interpréta, Otto Kermbach, était un véritable berlinois. Sa popularité finit par la faire connaître bien au-delà de Berlin sous le nom de « Sportpalast-Walzer ». Même l’interdiction d’exécution décrétée en 1934 par le ministre de la propagande Goebbels ne put freiner la popularité de la valse. Selon les lois sur la race de Nuremberg, Siegfried Translateur était un « demi-juif » ce qui était suffisant pour le dénoncer en tant que juif et demi-juif. L’appareil national-socialiste commença alors à se mettre en route transformant de manière profonde sa vie entrepreneuriale et personnelle, avec au terme de ce processus, la vente forcée de sa maison d’édition.

En 1943, il fut finalement déporté dans le camp de concentration de Theresienstadt en Bohême où il mourut en 1944 ou fut assassiné par les SS à Prieberg. On ne sait pas si et de quelle manière Siegfried Translateur participa à la vie culturelle du camp de concentration de Theresienstadt.