Apprendre la guitare avec Tatiana Stachak

Un portrait de la pédagogue et guitariste

Une classe à part : la méthode d'enseignement innovante de Tatiana Stachak „First class guitar“ / „Extra class guitar“ a de nombreux adeptes dans le monde entier. La pédagogue musicale, compositrice et guitariste met l'accent sur le plaisir de faire de la musique. En particulier grâce au jeu en duo précoce avec le professeur, les premiers succès apparaissent rapidement et la motivation reste intacte. Dans cette interview, Tatiana Stachak nous donne un aperçu de son travail.

Tatiana Stachak Interview photo: © Ewelina Stępień

Tatiana Stachak

SIte internet : tatianastachak.pl

Tatiana Stachak, née en 1973, est guitariste, compositrice et pédagogue. La Polonaise a fait ses études au conservatoire de musique de Wrocław. Elle est lauréate de nombreux concours nationaux et internationaux de haut niveau. Ses compositions et ses méthodes de guitare jouissent d'une grande popularité internationale et sont en partie publiés en édition trilingue (polonais-allemand-anglais) aux éditions Euterpe. La compositrice et pédagogue donne des ateliers dans le monde entier et a ainsi développé sa propre méthode d'enseignement pour permettre aux enfants d'accéder à la guitare de manière ludique et sans pression.

Toutes les partitions de Tatiana Stachak

Madame Stachak, vos méthodes de guitare, études et compositions sont très populaires auprès des jeunes élèves de toute l'Europe. Qu'est-ce qui vous a inspirée pour écrire votre propre méthode de guitare ?

Je suis heureuse de l'entendre. En résumé : Le travail avec mes élèves. Pendant mes études au conservatoire de musique, je savais déjà que je voulais devenir enseignante. Immédiatement après avoir obtenu mon diplôme, j'ai accepté un poste dans deux écoles de musique – les deux ont créé pour moi de nouvelles classes de guitare, composées uniquement d'élèves de première année. Les élèves étaient d'âges différents, mais la majorité – et cela a été déterminant pour la création des manuels – était constituée d'un groupe d'enfants de sept ans. Alors que les manuels destinés aux élèves plus âgés étaient très répandus en Pologne, je n'ai pas trouvé de publication répondant aux besoins spécifiques des plus jeunes élèves. J'ai donc décidé de créer moi-même le matériel et de l'adapter, en termes de méthode et de répertoire, aux capacités de perception de mes élèves.

J'ai commencé à écrire des exercices, des premiers duos et des compositions pour solistes, et j'ai eu l'occasion extraordinaire de remanier mes idées au fur et à mesure. Les réactions spontanées des élèves étaient pour moi les points de repère les plus précieux. Après trois ans de travail, je disposais déjà d'une quantité considérable de matériel. J'ai fait des choix, je les ai affinés et le manuel First Class Guitar était né.

J'étais consciente que la forme de la publication devait être attrayante pour les enfants : d'où les titres et les nombreuses illustrations colorées et sophistiquées de l'artiste Małgorzata Flis. La conception graphique du livre a un impact sur la sensibilité esthétique des futurs musiciens. Une conséquence naturelle a été la préparation de la deuxième partie de la méthode à un niveau plus avancé : Extra Class Guitar.

Des années plus tard, la situation s'est répétée : des enfants de cinq ans sont arrivés dans ma classe, pour lesquels "First class guitar" était trop difficile. J'ai donc écrit un livre destiné à des enfants encore plus jeunes - "Elementarz gitarzysty" [Guide de la guitare, disponible uniquement en polonais, ndlr]. Après quelques mois de travail, ou plutôt de jeu avec l'abécédaire, les petits peuvent commencer à jouer avec "First class guitar".

Quelle est la particularité de votre méthode ? Qu'est-ce qui distingue votre méthode des autres méthodes d'enseignement ?

La première caractéristique est la gradation très douce des difficultés techniques. Dans les méthodes plus anciennes, qui s'adressaient – comme je l'ai déjà mentionné – à des élèves plus âgés et plus autonomes, de nouveaux éléments techniques et théoriques ont été introduits assez rapidement. Dans mes manuels, chaque thème est traité en détail, avec un grand choix d'exercices et de morceaux. Les premiers exercices sont généralement très simples et courts, sans complications inutiles (rythmiques ou structurelles). J'ai veillé à ce que chaque élève, et pas seulement les très doués, ait la possibilité de maîtriser un élément donné sans trop de difficultés. Bien entendu, un enfant très doué maîtrisera plus rapidement la matière et laissera de côté certains exercices simples pour se consacrer à des compositions plus avancées.

La deuxième caractéristique de ces manuels est le grand nombre de duos proposés aux élèves et aux enseignants. L'idée de jouer en duo avec des enfants m'est venue quelques années avant de commencer à travailler sur les cahiers d'exercices. À l'époque, j'avais préparé une série de cahiers d'exercices pour élèves et enseignants avec des adaptations pour deux guitares de compositions connues de Mozart, Tchaïkovski, Schumann et autres. Dans le manuel "First class guitar", les duos constituent le répertoire de base des deux premiers chapitres.

Jouer en duo présente de nombreux avantages : La partie du professeur rend le son des exercices simples plus attrayant, ce qui permet d'inciter plus facilement les enfants à jouer. Faire de la musique ensemble permet également de développer de nombreuses autres compétences, notamment le sens du rythme, la concentration et l'attention partagée. Des solutions originales incluent des exercices avec des éléments d'improvisation.

Le cahier d'exercices "Extra class guitar", quant à lui, contient un chapitre consacré au développement de l'accompagnement à la guitare (comme le jeu d'accords, que les enfants n'apprennent généralement pas à l'école de musique) et à la pratique de la musique dans des ensembles de musique de chambre.

Outre vos méthodes de guitare, vous êtes co-auteur de plusieurs ouvrages sur l'éveil musical. Pourquoi l'éveil musical est-il si important pour les enfants ?

Il s'agit d'un sujet très vaste. Beaucoup de choses ont déjà été dites sur la manière dont le contact avec l'art, et en particulier la pratique active de la musique, favorise le développement global de l'enfant. Il ne fait aucun doute que le contact avec la musique réjouit et sensibilise les enfants, mais nous ne devons pas oublier que l'acquisition de connaissances musicales représente un grand défi pour les jeunes enfants.

Le matériel de solfège et d'eurythmie sur lequel j'ai travaillé avec Ilona Tomera-Chmiel et Lidia Florek-Stokłosa, pédagogues expérimentées dans ces disciplines, facilite sans aucun doute la maîtrise et la compréhension de faits musicaux complexes par les élèves – ce qui est confirmé par la grande popularité de ces livres dans les écoles de musique de toute la Pologne. Cela est dû au fait que nous avons opté pour un message clair, un répertoire intéressant soigneusement choisi (de Bach à la musique contemporaine) et des exercices attrayants.

Je termine actuellement la deuxième partie de mon manuel de solfège pour les jeunes, "Muzyczna pracownia" [Atelier musical]. Dans ce livre, j'utilise une méthode innovante – que j'ai appelée "Od stopnia do akordu" [de la marche à l'accord] – pour développer efficacement la sensibilité aux sons.

Vous enseignez également et dirigez des ateliers : À quoi accordez-vous une importance particulière en tant que professeur de guitare ?

Pendant les ateliers, j'essaie d'aider les élèves à travailler sur des morceaux qu'ils sont en train de préparer, mais je leur fais aussi des suggestions pour l'avenir afin d'améliorer leur jeu. Je veille (et j'essaie d'amener les élèves et les formateurs à prêter plus d'attention à cet élément) à ce que les doigtés soient corrects, en particulier le jeu alterné des doigts de la main droite. C'est le talon d'Achille de nombreux élèves.

J'explique qu'un doigté alternatif permet non seulement de surmonter les difficultés techniques, mais qu'il est même une condition préalable pour obtenir une belle sonorité et pour interpréter un morceau. Souvent, au lieu de travailler avec les participants à l'atelier sur l'aspect artistique du répertoire, je dois revenir à la phase de doigté du morceau et apporter les corrections nécessaires. L'interprétation et le doigté sont étroitement liés. Dans mes publications les plus récentes, je donne des indications très précises.

Lorsque j'ai l'occasion de rencontrer des professeurs, j'essaie de promouvoir l'idée d'un développement harmonieux de la technique et de la musicalité des élèves dès le début de leur formation. Je constate en effet que, dans le processus éducatif, on consacre beaucoup plus de temps aux questions techniques qu'à la musicalité.

J'ai souvent l'impression que les enfants qui jouent très habilement, mais sans compréhension, ne prêtent pas attention à la qualité du son, à la précision rythmique ou au phrasé. Ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas musiciens, mais parce que les morceaux choisis sont trop difficiles pour eux. La technique est un outil, pas une fin en soi. Je pense que tout compositeur préférerait que son morceau soit joué peut-être plus lentement, peut-être même avec de petites erreurs, mais avec un beau son, un phrasé expressif et une profondeur émotionnelle. Pour moi, ces qualités d'exécution sont bien plus importantes.

Tout le monde peut-il apprendre à jouer de la guitare ?

Clairement oui. Pour moi, c'est tout à fait évident. Dans la formation musicale dite professionnelle, l'accent est mis sur la virtuosité et la rapidité de progression. Il y a des examens, des concours, des auditions. Cela provoque souvent du stress et du découragement. Un tel système d'apprentissage ne convient pas à tout le monde. Mais heureusement, on peut choisir d'apprendre dans une école de musique publique ou en privé, à son propre rythme et sans pression. Parfois, je pense que cette forme est beaucoup plus amusante. Je suis sûre qu'il y a une place pour chacun dans le monde de la musique.

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Comment un adulte qui n'a jamais joué d'un instrument de musique peut-il accéder à la pratique de la guitare ?

Je pense que c'est très simple. On peut trouver une offre de cours particuliers dans n'importe quelle ville. Et s'il n'y a pas d'offre de ce type à proximité du domicile, on peut prendre des cours en ligne – l'expérience de ces dernières années nous a habitués à cette forme d'enseignement. Il n'y a pas de barrières, pas de frontières, pas de distances infranchissables, et si nous le souhaitons, nous pouvons même avoir un professeur à l'autre bout du monde. Moi-même, je donne des cours à des élèves de différentes villes et même de différents pays. Bien sûr, le contact direct avec un professeur sera toujours la meilleure solution.

Vous participez à des festivals et donnez des ateliers dans le monde entier. Avez-vous constaté des particularités spécifiques à chaque pays chez les participants ?

Oui, j'anime des ateliers dans de nombreux pays et je peux dire que les enfants sont similaires : sensibles, ouverts et curieux du monde. Mais le processus éducatif est légèrement différent dans chaque pays, et au fil du temps, les enfants acquièrent des compétences différentes. En Chine, par exemple, l'accent est particulièrement mis sur la technique.

Lors d'un atelier que j'ai dirigé, un élève âgé de quelques années seulement a joué un morceau très technique, La Catedral – une pièce qui est non seulement très exigeante sur le plan technique, mais qui demande aussi une maturité considérable. Il est difficile d'attendre une interprétation profonde de la part d'un jeune enfant, mais du point de vue technique, la prestation était excellente. Dans l'ensemble, les étudiants étaient clairement tendus et concentrés sur la réussite. Ils ont obtenu de superbes résultats. Mais à quel prix ?

Quels sont les musiciens qui ont le plus inspiré votre travail ?

Lorsque je travaille sur une nouvelle publication, j'essaie toujours d'explorer en profondeur le style ou le genre musical choisi. Avec des plateformes comme You Tube et Spotify, l'accès aux sources est pratiquement illimité. Lorsque j'ai écrit la série Invitation à la valse, j'ai commencé mes recherches par la musique pour guitare, par exemple la Valse de Barrios ou Antonio Lauro. Mais plus tard, j'ai trouvé la musique de piano et d'orchestre bien plus inspirante : Les valses des Ballets de Tchaïkovski, les compositions de Frédéric Chopin, Johannes Brahms, Wojciech Kilar.

Je suis également tombée sur des exemples de style français : rapides, aériens, souvent joués à l'accordéon, ainsi que sur des valses sud-américaines de différents caractères (péruviennes – langoureuses et languissantes, vénézuéliennes – plus vives, ostentatoires, j'ai aussi "découvert" la forme de valse du tango). Il en va de même pour l'écriture d'études ou de variations – chacun de ces projets est pour moi l'occasion de découvrir de nouveaux territoires musicaux. Il serait donc difficile d'énumérer tous les compositeurs auxquels je dois mon inspiration.

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Y a-t-il quelqu'un d'autre qui vous a inspiré ?

Lorsque j'ai eu l'idée d'écrire un manuel, j'ai demandé conseil à mon mari. Dès le début, il m'a beaucoup soutenue et encouragée, tout en critiquant sévèrement mes tentatives d'écriture. Les discussions étaient parfois houleuses, mais je peux vous assurer que les critiques constructives mais amicales sont bien plus précieuses que les vaines louanges.

Et pourquoi avez-vous choisi la guitare comme instrument ?

C'était une coïncidence, presque comme dans un film de Krzysztof Kieślowski. Le personnage principal de "mon" film était mon frère Maciej. Un jour, il se promenait dans Gdansk, où nous vivions à l'époque, et il a remarqué une très longue file d'attente. C'était l'époque du communisme et les magasins étaient vides. La réaction naturelle de tout citoyen qui voyait une file d'attente était de se mettre dans cette file et d'espérer obtenir quelque chose. C'est exactement ce qu'a fait mon frère. Et il s'est mis dans la file d'attente... vers le magasin de musique. Il se trouve qu'ils ont "mis en vente" des guitares. Il a donc acheté une guitare et me l'a offerte. Qui sait ce qui se serait passé s'il y avait eu des trompettes...

Quelle musique aimez-vous écouter en privé ?

J'aime beaucoup la musique ancienne, j'écoute des disques de Rolf Lislevand, Arianna Savall, L'Arpeggiata – cette musique m'apaise. Elle est belle dans sa simplicité, et le jeu artistique des interprètes me réjouit. Je me tourne aussi vers la musique populaire, j'aime ça : Mark Knopfler, Pat Metheny, Björk, le groupe Jamiroquai. Récemment, après un voyage au Portugal, j'ai aimé écouter du fado.

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„Etüde Nachdenkliche Stimmung“ de : „Characteristic Etude 2“

Tatiana Stachak, Charakteretüden 2 Noten kaufen

De laquelle de vos compositions/pièces êtes-vous particulièrement fière ?

En général, je suis le plus fière de ma dernière publication Album with Variations. J'ai l'impression de toujours perfectionner mon métier de compositrice, et chaque ouvrage suivant est toujours un peu meilleur que le précédent. Ce n'est pas à moi de porter un jugement à ce sujet. Ce qui est sûr, c'est que le moment de la publication est l'aboutissement de plusieurs mois de travail acharné et que c'est donc ce qui me tient le plus à cœur depuis un certain temps.

J'ai cependant quelques favoris : Ce sont la "Valse au café" du recueil Invitation to the Waltz, l'"Etude d'humeur pensive" du cycle des Characteristic Etudes 2 et la "Variations-Fantaisie" du récent recueil Album with Variations. J'aime aussi beaucoup l'abécédaire pour guitaristes – ce fut un grand plaisir d'écrire les comptines, les devinettes, les histoires et les jeux d'invention qui figurent dans cette édition. L'écriture de ce livre m'a fait remonter le temps et, pendant un moment, je me suis senti moi-même comme un enfant de quelques années.

Madame Stachak, nous vous remercions chaleureusement pour cette interview !

Rédactrice : Katharina Uziel

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