Ce nouveau recueil de la collection « Oser… » est consacré aux chefs d’oeuvre de l’art choral, de la Renaissance, désormais accessibles aux choeurs même novices, grâce aux arrangements pour 3 voix mixtes réalisés par Anne AUBERT, professeur d’écriture au CRR de Tours. Les plus grands maîtres de cette époque figurent dans ce recueil, tant pour leur production profane que religieuse.
Jacques Barbier nous en dit :
En 1545 Tylman Susato, imprimeur de musique à Anvers, publie un recueil de chansons polyphoniques (Le Dixiesme livre...) contenant la fameuse Bataille à quatre voix de Clément Janequin "avecq la cinquiesme partie de Phili. Verdelot Si placet", c'est-à-dire avec l'ajout d'une cinquième voix supplémentaire par un autre compositeur et à chanter seulement si on le souhaite...
La page de titre précise aussi : "Le Chant des oyseaux a 3" par Nicolas Gombert. Il s'agit du non moins fameux Chant des oyseaulx que Clément Janequin publie chez Pierre Attaingnant dès 1528 et dont Nicolas Gombert présente ici une réduction à trois voix mixtes.
Pourquoi Nicolas Gombert a-t-il opéré cette transformation et pourquoi Clément Janequin fera-t-il de même lorsqu'il propose en 1537 une nouvelle version du Chant des oyseaulx ?, identique musicalement à la première mais amputée pour moitié de son matériau initial : Clément Janequin réduit en effet la chanson de 208 à 113 mesures !
L'explication se trouve sans doute dans la préface que Susato rédige pour Le Premier livre des chansons à deux ou à trois parties publié en 1544.
Toutes les pièces, à l’origine des chansons à succès pour quatre voix, sont arrangées à trois voix et il est précisé au-dessus de la première voix "Chantez à deux si bon vous semble, Puis chanterez tous troix ensemble" ainsi qu'au début de la troisième voix "Veulx tu chanter par bon advis, Attens que tu en soys requis".
On a donc le choix entre deux propositions polyphoniques, une complète et une allégée ce que TylmanSusato explique ainsi :
"cest qung nouvel apprentif ou discipel nest pas hardy au chanter entre grande compaignie. mais en icelles chansons il sen pouldra exerciter avecq petitte compaignie, iusques a tant quil sera plus expert & plus hardy pour choses plus difficiles & avecque plus grande compaignie..."
Un grand merci à Anne Aubert d'avoir ranimé ce geste musical courant à la Renaissance en adaptant à trois voix mixtes ces fleurons du répertoire choral écrits à l’origine pour quatre parties ou plus. Elle permettra ainsi à des choeurs "de petite compaignie" ou encore "apprentif" de chanter, avec le plaisir que d'autres ont déjà partagé, quelques unes des plus belles polyphonies de la Renaissance maintenantmises à leur portée ! »